François Paire
IDOL
20 janvier au 7 février 2004
C’est à un déplacement
permanent des motifs, des messages, que nous convie
François Paire, tant dans les sujets, les supports
utilisés ou les modes de monstration que dans la nature
même des images produites (empruntées,
modifiées, manipulées ou bien composées).
Les images qui retiennent son attention sont «
indéfinitives », s’intéressant
à elles aussi bien dans leur matérialité,
leur définition que dans leurs lieux et espaces
d’apparition. L’étiquette de fruit, petite
image manipulable, présente et inaperçue, pointe
et active certaines entropies de l’Image à
l’œuvre, véritable mise en déroute du
sens, dans le flux permanent qui s’offre à nous.
/.../ « La nature morte est donc un
sujet que nous sommes tentés de qualifier
d'exténué. Un sujet perdu d'avance en
d’autres termes. François Paire se
débarrasse de la mythologie du sujet
“original”, pour faire place, comme autant
d’élégantes excuses, à ses
“petites actions”. La nature morte n’est plus
considérée comme sujet, mais elle est
envisagée comme outil d’interrogation de
l’Image. François Paire isole, manipule,
transforme, met en scène, recompose, malmène les
objets qu’il choisit. En modifiant leur statut, il
réorganise un monde, dont les images exposées
sont le constat. Ni peintures, ni photographies, ni dessins,
ses images numériques imprimées au jet
d’encre (peinture) sur papier, ne recherchent pas
l’efficacité des images actuelles. Elles
n’ont rien à vendre. François Paire oppose
à la haute résolution technique contemporaine,
une basse définition des tirages, qui met un voile,
“qui ralentit le récit des objets
isolés”. Singulièrement
épurées, ses images synthétisent,
incorporent, fixent et révèlent le
“sujet”.
/.../ Soyons clairs. Il s'agit plus que de
simplicité et d'humour dans le travail de cet artiste.
Sa production artistique n'est ni synonyme de
spontanéité, ni d'improvisation, ni de
banalité. Elle est le résultat d'une recherche
liée à une attitude où l’amour
propre est sacrifié. Ainsi, François Paire permet
à tout ou presque d'exister. Tout comme d'autres
artistes hérétiques du système des
Beaux-Arts, je pense en particulier à Michel Blazy,
Joachim Mogarra, Gérard Gasiorowski, François
Paire se tient à distance de ce qu'il est convenu de
nommer talent au sens de virtuosité.
Le ressort de son travail se situe dans
l'humilité et non la vanité. Ses actions sont
modestes, incertaines mais volontaires. Donc elles sont
vivantes et ouvertes. Tenaces.
Claire Le Restif, extrait de « Magistralement mineur »,
catalogue de l’exposition, Espace d’Art
Contemporain C.Lambert, Juvisy-sur-Orge, 10 novembre -15
décembre 2001
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